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Fou2Foot
5 septembre 2003

Quand la Ligue 1 devient un devoir conjugal...

foot_conjugal Ma petite amie vient avec moi à mes soirées foot. Pourquoi se revirement sur un sujet rituel de dispute ? La raison est simple : les visages hypnotisés par l’écran et le mutisme salivant des supporters n’est plus. Une soirée foot est aujourd’hui synonyme de discussions et d’échanges. La bonne entente de mon couple les dimanche soirs est certainement le meilleur signe de la qualité décroissante du championnat de football français. 

Certes, voilà quelques années que nous n’assistons plus à des finales de Coupe de France opposant Amiens à Strasbourg. L’Olympique Lyonnais a su donner à la Ligue 1 une dimension qu’elle n’avait plus connu depuis le début des années quatre-vingt-dix et l’hégémonie marseillaise. Pourtant, lorsque vous pensez à la saison 2006-2007 de Ligue 1, quel est votre premier sentiment ? N’ayons pas peur des mots, nous nous sommes emmerdés. Petite comparaison avec les autres championnats européens, qui, eux, ne participaient pas au vieillissement anticipé de la population, suscitant autant d’enthousiasme qu’une rencontre régionale de curling.

La différence principale entre le championnat français et les autres championnats européens, c’est la présence d’une élite, d’un aréopage de professionnels consciencieux. Nos voisins de l’espace Schengen ont la chance de posséder une poignée d’équipes qui se partage la suprématie et impose au reste du championnat un niveau international. Notons à ce sujet deux remarques judicieuses, pourtant sorties de la bouche de provocateur parfois décérébrés. Lors de la Coupe du Monde 2002, qui avait vu la Corée du Sud et la Turquie se placer respectivement 4ème et 3ème, les optimistes y voyaient la concrétisation d’un tournoi mondialisé et égalitaire, où toutes les équipes étaient des potentiels Seleçao… Même Marx n’aurait su se montrer aussi utopiste. Thierry Rolland avait déclaré que cette Coupe de Monde ne marquait pas la fin des petites équipes, mais la mort des grandes. A méditer.

La seconde intervention pleine de bonne foi est à mettre au compte de Jean-Michel Aulas. Le provocateur président de l’Olympique Lyonnais expliquait les débâcles de son équipe en Champions League, par une trop grande différence entre une rencontre européenne et un match du championnat français. C’est effectivement la première constatation que n’importe quel observateur ferait. Pourtant, si la présence de ces grandes équipes tire, sportivement et économiquement, leur championnat vers le haut, elle laisse entier le problème de cause à effet. Un mauvais championnat ne peut avoir de bonnes équipes ou sans bonnes équipes pas de spectaculaire championnat ? Bref, l’éternel paradoxe de la poule et de l’œuf. Regardons quelques chiffres maintenant afin de faire de ce papier une démonstration irréfutable.

Lors de la saison 2006-2007, nous avons pu assister à 855 buts, soit une moyenne de 2,25 buts par match. Cela ne vous parle pas ? C’est simple, il s’agit du plus faible taux de réalisation des principaux championnats européens. La Liga a compté 942 buts, soit 2,48 par match. La Bundesliga 837 (2,74 par match), la Première League 931 buts (2,45 par match) et enfin, le Calcio 969 buts (2,55 par matchs). Même la Ligue 2 comptabilise un meilleur rendement (2,37 buts par match). D’ailleurs, entre parenthèse, la Ligue 2 et la Nationale ont offert un spectacle bien plus palpitant que l’élite du football français. Certes, me direz-vous, il ne s’agit ici que de buts, la beauté d’une rencontre ne réside pas seulement dans ces filets tremblant. Et vous aurez raison. Pour autant, le nombre de buts marqués sur 380 matchs est relativement représentatif du spectacle. Et puis, oseriez-vous me dire sincèrement que le spectacle était à la hauteur ? Un argument est souvent avancé pour expliquer ce clivage : l’argent.

Effectivement, le championnat français est plus pauvre que ses voisins. En 2006-2007, les budgets cumulés des 20 équipes évoluant en Ligue 1 atteignaient la somme de 527 millions d’euros (environ, les équipes sont toujours frileuses à l’idée de parler de leur argent), soit le budget du Real de Madrid et de Barcelone additionné. Parmi la liste des 20 équipes le plus riches d’Europe, une seule est française : l’OL évidemment, qui se classe 11ème derrière Liverpool et devant l’AS Roma. Phénomène unique en France et récent, puisque la première apparition de Lyon dans ce classement remonte à 2005. Mais, ce souci des clubs riches nous replonge dans le paradoxe de basse-cour. L’argent appelle les résultats et inversement (à part quelques cas uniques tels le Real de Madrid capable de voir disparaître un quart de milliard d’euros de dette d’un coup de baguette royale). Une autre réponse peut être apportée, l’une des favorites des Français : les impôts.

Les footballeurs professionnels sont plus taxés en hexagone que partout ailleurs. Mais cet argument apparaît bancal. D’abord, il me semble, que les joueurs de foot sont avant tout des passionnés qui ont renoncé à mener une adolescence et une jeunesse normale pour se consacrer à leur sport. Si un club faisait réellement rêver les joueurs en France, ils signeraient. Puisque, évidemment, nous parlons ici des grands joueurs. Les joueurs moyens ont sensiblement le même niveau partout (peut-être même meilleur en France dont la qualité des centres de formations est reconnue partout dans le monde), ce que nous déplorons, c’est le départ des grands joueurs français, et la non venue des grands joueurs étrangers. Ces grands joueurs gagnent tous des centaines de milliers d’euros, seraient-ils assez vénaux pour n’organiser leur carrière qu’en fonction de quelques deniers supplémentaires. En fait c’est assez simple. Si c’est vraiment ces taxes qui handicapent les clubs français, pourquoi l’AS Monaco ne trust pas tous les plus grands joueurs du championnat ? Pourquoi les championnats du Qatar, des Emirats et des Etats-Unis ne sont pas les plus pourvus en grands joueurs (je ne parle pas ici des fins de carrières) ?

Finalement, ce qui fait le spectacle d’un championnat, c’est la volonté. La volonté de produire du jeu. Il y a encore quelques années, l’Italie et son catenaccio faisait de la Serie A un championnat bien pauvre en but. Pour des raisons économiques (évidemment), les dirigeants ont décidé de remettre de l’offensive et des buts dans leur championnat. Opération réussie. Pour résumer les choix qu’ils nous restent : soit les dirigeants décident de faire du championnat un spectacle (ce qu’il est originellement, ne l’oublions pas), soit le règlement est modifié pour pousser les équipes à l’attaque (un peu à la manière du Top 14 en rugby).

Ce qui est certain, c’est que les premières journées de la saison 2007-2008 sont à mourir d’ennui. Alors messieurs les responsables, rappelez-vous que pour nous le foot ce n’est pas des ventes de maillots, de places ou de droits télé. Nous aimons « taper le ballon » avec les copains, nous faire passer pour des experts après la lecture de France Football, et surtout nous asseoir devant un match et être, pendant deux heures, transportés dans un monde où la futilité d’un but devient une raison d’être. Pensez à nous et à nos conjointes. Rendez-moi mes engueulades du dimanche soir, merci !

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Commentaires
F
quel est le footballeur africain le plus riche
R
J'avais fais une petite analyse comparative du nombre de buts marqués, et ma conclusion n'est pas aussi tranché que la tienne. C'est ici :<br /> <br /> http://blog.radiobierefoot.com/ligue-1-le-championnat-europen-le-plus-quilibr/<br /> <br /> Bon sinon c'est vrai qu'on se fait un peu ch... :-)
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